Un sentiment indéfini de la vie, fait de souvenirs et de pressentiments, voilà ce que je voulais raconter dans le film, à travers le voyage de deux créateurs qui se trouvent fatalement ensemble, sans savoir pourquoi. Si j'étais encore plus privé de pudeur que je ne suis, je pourrais indiquer d'autres raisons, des raisons plus profondes qui ont certainement déterminé la fantaisie de ce récit : remords, nostalgies, regrets, tout l'inexorable chantage d'empreinte catholique : la fable de l'innocence trahie, et le désir enfantin, angélique, d'un monde heureux dans les rapports confinants, ainsi que l'impossibilité et la trahison de tout cela. Mais pour tout cela, un psychanalyste de génie serait nécessaire. Moi, je crois que j'ai fait ce film parce que je suis tombé amoureux de cette petite vieille-enfant un peu folle et un peu sainte, de ce clown échevelé, comique, disgrâcieux et plein de grâce que j'ai appelé Gelsomina et qui réussit, aujourd'hui encore, à me rendre soudainement mélancolique quand j'entends le motif de sa trompette...
Federico Fellini
Avec les écritures deTullio Pinelli etBernardino Zapponi