Tous les liens que Slobodan Šnajder a su, à travers son théâtre, tisser entre l’imaginaire et le vécu tragique, « entre les cieux, trop hauts pour l’homme, et la terre, trop dure pour y marcher », sont dangereux. C’est ce danger même qui inspire la poésie, qui crée le poète en nous. Ainsi dans La Dépouille du serpent, Azra violée, Azra meurtrie, retrouve la parle dans l’imaginaire, le seul monde qui lui reste. C’est le tragique même qui s’adresse à nous. … Dans les pièces de Šnajder, la poésie ne sert pas seulement de refuge. Elle peut nous offrir la sublimation du réel si elle reste en permanence tournée vers lui, essayant de le saisir, de le comprendre. La réalité est le préalable du songe.